Distillerie de l’Arbre Sec : alchimie botanique au cœur de Paris
Dans l’écrin discret de la rue de l’Arbre Sec, à quelques pas du Louvre, une adresse confidentielle réinvente l’art du gin en plein Paris. Ni bar à cocktails ni simple atelier de dégustation, la Distillerie de l’Arbre Sec est un lieu rare, pensé comme un trait d’union entre science, artisanat et mystique végétale.
Derrière cette façade sobre, le charme opère immédiatement. L’espace, à mi-chemin entre cabinet de curiosités et atelier d’alchimiste, marie avec élégance murs végétalisés, flacons ambrés, alambic massif et lumière tamisée. Le cœur du lieu bat dans le cabinet des botaniques, une apothicairerie contemporaine rassemblant plus de cent plantes, fleurs, racines, épices et agrumes, toutes d’origine française et cueillies avec soin.

Créée par un trio d’épicuriens — Charlotte Bartoli, Charlotte Buisson-Dackow et Nicolas Paradis — la distillerie est née d’un désir commun : redonner au gin ses lettres de noblesse en l’ancrant dans une démarche responsable, esthétique et sensorielle. Chaque détail, du choix des ingrédients au graphisme des étiquettes, témoigne d’un engagement profond pour la beauté du geste, l’exigence du goût et l’originalité du propos.

L’expérience phare du lieu se vit à travers les ateliers de distillation. En petit groupe, les visiteurs sont invités à composer leur propre gin, accompagnés par les fondatrices elles-mêmes. De la sélection minutieuse des plantes à la distillation dans un alambic en cuivre, chaque étape est guidée avec précision. L’approche est immersive, ludique et exigeante : les participants repartent avec leur propre flacon de 700 ml, reflet intime de leurs choix olfactifs, embouteillé et étiqueté à la main. Un souvenir aussi élégant qu’inédit.



Mais la distillerie va plus loin. Véritable maison d’édition spiritueuse, elle propose également des cuvées en édition limitée, chacune inspirée d’une carte du tarot de Marseille. Le gin devient alors langage symbolique, support artistique, terrain de création. La première cuvée, baptisée La Grande Prêtresse, célèbre cette ambition : un spiritueux subtil à base de mirabelle, genièvre, hysope et poivre de cassis, imaginé en collaboration avec un bouilleur de cru alsacien, et mis en bouteille sous une œuvre picturale de Léa Augereau.

Au-delà de son esthétique soignée, la Distillerie de l’Arbre Sec incarne un retour au sens. Celui du rythme lent, de la précision artisanale, du lien entre terroir et inspiration. Une alchimie parisienne rare, où l’on redécouvre que la distillation peut être bien plus qu’une technique : un art, une transmission, un moment suspendu.
52, RUE DE L’ARBRE SEC 75001 PARIS