Déguster les vers & réciter les verres
Puisque le vin est une poésie, pourquoi la poésie ne se dégusterait-elle pas ?
J’ai bu un souvenir d’autrefois,
Trop proche pour l’oublier complètement,
Mais assez lointain pour ne plus être capable de le deviner parfaitement.
Le temps n’est finalement peut-être pas le luxe pour tout le monde, mais simplement pour ceux qui ont peur qu’il passe.
Je fais le dos rond à mon histoire,
Je caresse mes souvenirs dans le sens du poil, en espérant qu’ils me restent en tête pour me faire vivre plus longtemps.
14h18, Février 2025. Peu importe le jour.
J’abrite les gouttes de certains dieux de la terre et je goûte l’humilité des gestes de ceux qui font le vin.
J’écris la poésie des lèvres qui s’emballent, et celles des yeux qui s’éveillent.
J’écris la poésie moderne qui rompt les traditions.
Les alexandrins sont dans le crachoir, les jolis mots dans les regards.
Une larme se perd dans le temps passé,
Un sourire se dessine dans celui qui vient de naitre,
Et ces dualités dansent mes nostalgies, maladroitement.
Un verre peut-il avoir le pied gauche, lui aussi ?
J’ai dégusté cette semaine, l’ivresse de ma jeunesse. Celle qui est belle et parfaitement à jeun. Celle qui rappelle d’où l’on vient et ceux qui l’ont partagé à nos côtés.
Je lève mon verre à moi-même avant de trinquer avec vous mes chers.
Je lève mon verre, dans un geste dépourvu d’égocentrisme.
Je lève mon verre, pour tatouer les sourires du temps qui s’échappe, sur chacun des jours qui suivront.
14h40. Février 2025. Peu importe le jour.
J’ai dégusté ma dernière décennie et j’ai écrit la poésie d’un rouge vertueux.
Qui sait ce que je boirais dans dix ans,
Qui sait si j’écrirais encore de la poésie,
Qu’importe finalement,
Puisque le vin en est belle et bien une,
Je continuerai de la déguster aux côtés de ceux qui me permettent de réciter les plus beaux verres de vie.
Par Alex Maujer @carnetdebordel




