Laura Lhuillier : quand la nature danse avec l’imaginaire


Originaire d’un petit village enserré dans les bois, Laura puise son inspiration dans les paysages enchanteurs qui ont bercé son enfance. Son style artistique, vibrant et empreint de délicatesse, tisse un lien subtil entre le monde réel et celui des rêves. 

Par Emma Barbier, rédactrice Art & Culture


À travers ses œuvres, Laura nous invite à plonger dans un monde coloré, texturé, où chaque détail raconte une histoire. Que ce soit les mystères de la faune, les secrets de la flore ou les étoiles qui parsèment le ciel, Laura explore avec passion les merveilles de la nature et de l’astronomie pour créer des œuvres qui captivent l’imagination.

Slowway Magazine : Bonjour Laura, peux-tu nous raconter ton parcours.

Laura Lhuillier : J’ai commencé par un bac Arts Appliqués, explorant ainsi différentes formes d’art. Ensuite, j’ai suivi un BTS design graphique, ce qui m’a permis de me familiariser avec divers logiciels photo. Cela m’a conduit à poursuivre mes études jusqu’au niveau master en DSAA. Après avoir travaillé en freelance, j’ai réalisé que cette voie ne me procurait pas la liberté que je recherchais. Étant passionné par l’illustration, j’ai décidé de m’y consacrer pleinement et de partager mon travail sur Instagram. C’est ainsi que mon travail a été découvert par le public, et les opportunités ont commencé à se présenter naturellement. Du coup c’est depuis fin 2018 que je suis vraiment illustratrice à temps plein !

Slowway Magazine : Comment as-tu « découvert » ta patte artistique ?

L. L : J’ai toujours beaucoup dessiné à cause de mes études, même en dehors de l’école je faisais beaucoup de gouache. Mais c’est vraiment en pratiquant que j’ai affiné mon style, que j’ai gardé des éléments, des textures que j’aimais bien. Je me suis juste rendue compte à un moment que je me sentais à l’aise dans ce que je proposais et depuis 2019 mon style n’a pas trop trop bougé. J’ai trouvé ce qui me plaît vraiment.

Slowway Magazine : As-tu exploré d’autres formes d’art en dehors du dessin ?

L. L : Oui, absolument ! J’ai expérimenté la céramique et l’animation. Bien que je n’approfondisse pas autant ces autres domaines, j’aime beaucoup tester et voir comment mon style artistique s’adapte à différents supports. C’est une façon pour moi d’explorer de nouvelles perspectives créatives et de repousser les limites de ma créativité.

Slowway Magazine : Quel est ton process de travail ?

L. L : Je dois vraiment m’obliger à me mettre dans les conditions adéquates. J’ai mon carnet à croquis, mon iPad, je réalise quelques esquisses pour trouver des idées et des débuts de composition, puis je passe sur Procreate. Mais il faut vraiment que je me plonge dans un état d’inspiration créatif pour que ça démarre.

Slowway Magazine : Travailler dans sa passion peut-il être source de frustration ?

L. L : La plupart de mes projets clients me laissent une grande marge de manœuvre créative, ce qui est génial car cela revient presque à dessiner pour moi-même. En général, on me donne une thématique à explorer et on me fait confiance pour exprimer mon style. Cette liberté m’évite toute frustration, et je trouve même que c’est plutôt sain car cela équilibre ma vie professionnelle et personnelle. Je peux ainsi m’investir pleinement dans mes projets tout en préservant ma créativité et mon épanouissement personnel.

Slowway Magazine : Qu’est-ce qui t’inspire dans ton travail ?

L. L : J’ai tellement de sources d’inspiration ! En général, je puise beaucoup dans les personnes que je suis sur les réseaux sociaux. Leurs créations, leur style, tout cela nourrit ma propre créativité. Plus spécifiquement, quand j’ai commencé à affiner mon style, je me suis tourné vers des inspirations plus ciblées. L’une de mes principales inspirations a été Léa Le Pivert, une consœur et amie. Son travail à la gouache m’a profondément influencé et a renforcé ma passion pour l’art illustratif. 

Slowway Magazine : As-tu en mémoire une œuvre qui t’a profondément marquée, tant au niveau personnel que professionnel ?

L. L : Immédiatement, je pense aux tableaux d’Henri Rousseau lorsqu’il peignait ses scènes tropicales, riches en détails et très fournies. Cela m’a toujours énormément plu et inspiré à dessiner des scènes chargées, regorgeant de détails, captivantes à contempler.

Slowway Magazine : Quels critères prends-tu en compte lors du choix de tes clients ?

L. L : Généralement, je sélectionne mes clients en fonction de leur adéquation avec mon univers artistique. Je privilégie les projets qui correspondent à mes valeurs et à ma vision créative. Cependant, il est rare que je refuse une opportunité, tant que le projet reste en harmonie avec mes convictions.

Slowway Magazine : Parle-nous de la collaboration qui t’a le plus challengée !

L. L : J’ai eu l’opportunité de collaborer avec Weiss sur plusieurs projets supers, notamment leur collection de Noël en 2021 et celle de Pâques en 2023. Ce qui rend ces collaborations si spéciales, c’est le niveau de confiance qu’ils ont placé en ma créativité. J’ai eu la liberté de gérer tous les aspects de la direction artistique, de la conception initiale à la réalisation finale. Cela incluait la création de l’histoire de la collection, du packaging, des textes, et même de la mise en scène des produits. J’ai pu concrétiser mes idées et imaginer des produits uniques qui ont vraiment suscité l’intérêt. Ce projet m’a également permis d’explorer différents supports, des vitrines aux séances photo, ce qui a enrichi mon expérience. Cette collaboration a vraiment été une aventure complète et ambitieuse, qui a repoussé mes limites créatives !

Slowway Magazine : Tu donnes également des cours d’illustration ?

L. L : J’ai collaboré avec Domestika, une plateforme de cours en ligne. Ils m’ont contactée pour discuter de la possibilité de créer un cours complet sur les motifs et autres sujets connexes. Cette opportunité s’est avérée être un défi stimulant, car elle impliquait une collaboration étroite avec une productrice dédiée pour concevoir le contenu du cours, suivi d’une semaine de tournage en studio. J’avais déjà connaissance de la qualité du travail de Domestika, donc ça m’a encouragée à relever ce nouveau défi, sachant qu’il pourrait être enrichissant sur le plan personnel et professionnel. J’ai toujours été attirée par l’idée de partager mon expérience, mais sans l’appui de Domestika, je ne pense pas que j’aurais pu concrétiser ce projet, avec tout le processus de production, de tournage et de montage.

Slowway Magazine : Que penses-tu de l’Intelligence Artificielle dans le domaine artistique ?

L. L : Personnellement, je ne suis pas inquiète. Je remarque que certaines marques commencent à sortir des projets qui utilisent cette technologie, et ça me donne un sentiment un peu mitigé. Mais bon, je comprends aussi que l’IA peut avoir son utilité dans plein de trucs, comme la retouche de photos, ça peut vraiment nous faire gagner du temps. Finalement pour moi, l’IA c’est comme une sorte de boîte à outils. Après bien sûr, nous qui sommes dans le milieu, on repère tout de suite quand c’est de l’IA, haha. Mais honnêtement, je pense que rien n’empêchera que les marques continuent de collaborer avec des artistes. Elles aiment bien mettre en avant le fait qu’elles travaillent avec des gens créatifs. C’est une histoire de co-construction.

Slowway Magazine : Quelles sont tes objectifs à long terme ?

L. L : Je vis vraiment au jour le jour, ma seule envie c’est que ça continue comme c’est maintenant ; travailler sur plein de projets hyper variés. C’est vraiment stimulant dans mon travail, je travaille avec plein de gens et de supports différents, je passe d’un univers à un autre et c’est vraiment génial ! Que ça continue en ce sens !