
Maëva Morin, l'écologie du corps et de l'esprit
-Bonjour Maëva, peux-tu te présenter ?
Bonjour ! Je suis professeure de yoga, autrice et créatrice de malas. Je suis surtout une femme, amoureuse du vivant, un peu sorcière !
-Pourquoi avoir choisi le yoga ? Est-ce une vocation ?
Le yoga a été une rencontre. Je rentrais d’Argentine ou j’avais vécue plusieurs mois et j’étais un peu perdue dans ma vie française, très stressée dans mon boulot. Sur les conseils de mon osthéo, j’ai poussé la porte d’une salle de yoga.
Je n’ai pas tout compris, clairement ce n’étais pas simple pour moi, mais j’ai senti que c’était bien de continuer. Je me suis inscrite et je n’ai plus jamais cessé de pratiquer. C’était il y a 10 ans !
Je ne pensais pas du tout en faire mon métier. L’idée est venue après ma décision de démissionner de mon poste d’assistante parlementaire à Bruxelles.
A mon retour en France, j’ai décidé de m’accorder le temps nécessaire pour trouver ce que j’avais vraiment envie de faire. A l’époque ma lumière dans la nuit était cette question : « qu’est ce que je fais si j’abaisse mes barrières mentales ».
Cela m’a pris 8 mois ! Et je yoga revenait souvent. Je trouvais cela cliché la trentenaire lasse de son boulot qui embrasse une vie healthy en devenant prof de yoga ! Et puis finalement, je suis allée à l’école française de yoga aux portes ouvertes, j’ai vibré de tout mon corps.
Je me suis inscrite dans la foulée tout en reprenant un boulot classique en parallèle. C’est à la fin de ma 2ème année (l’école dure 4 ans) que j’ai commencé à enseigner. Cela a été assez fluide des le début. J’en ai donc déduit que j’avais enfin trouvé mon chemin.
-Tu t’es également spécialisée dans le pré et post natale, qu’est-ce qui t’a donné cette envie ?
Enfant j’avais 2 rêves : devenir écrivain ou sage-femme !
J’ai toujours eu envie d’accompagner les femmes surtout dans cette période incroyable qu’est la maternité. Assez jeune, j’ai eu conscience que c’était un grand bouleversement pour les femmes et j’ai eu envie d’être auprès d’elles. Les accompagner en douceur pour apaiser leurs doutes et surtout leur donner les clés pour comprendre leur corps, leurs émotions durant cette période. Pour moi c’est la clé pour vivre pleinement cette période et prendre conscience de la force et la puissance féminine. Les femmes enfantent la vie depuis la nuit des temps, c’est clairement notre pouvoir magique !
- Lors de nos derniers échanges avant ce rendez-vous, tu nous a parlé de l’importance pour toi d’aller au bout des choses et en profondeur concernant les apprentissages et formations, et de la tendance de l’éphémère et du « tout tout de suite » de notre société, qui te dérange... peux-tu approfondir ?
On vit dans une société extraordinaire, on accès à tout, tout de suite. C’est merveilleux et fascinant ! Et en même temps, cela nous conduit à l’atomisation, l’envie de tout, tout le temps. Quand cela ne produit pas les effets attendus rapidement, la tentation est grande de zapper : changer de sport, passer du yoga au tai chi, changer de compagnon/compagne, etc. Alors qu’il n’y a pas de miracles : le changement, une relation (amoureuse, amicale) demande un engagement fort ! Un musicien répète son morceau un nombre incalculable de fois avant d’arriver à cette harmonie subtile. Il en est de même pour tout selon moi. J’ai la conviction profonde que si l’on veut cheminer spirituellement, il faut trouver une voie, la creuser et ensuite on peut explorer d’autres voies.
-Tu aurais des conseils à donner aux personnes qui souhaitent devenir yogi ?
Déposez-vous sur votre tapis. Déposez votre volontarisme. Déposez vos attentes.
Ne soyez pas en compétition avec vous –même ou votre voisin de tapis.
Pratiquez souvent.
Et faites confiance au processus !
- As tu l’envie de donner des cours et de former de futurs professionnels à ton tour ?
L’Ecole Française de yoga m’a offert une opportunité dont j’osais à peine rêver puisqu’ils m’ont proposé de me former à devenir formateur. C’est une chance merveilleuse car cela m’amène à questionner ce qu’est la transmission, à qui, comment. Je peux aussi continuer à creuser en anatomie, en hindouisme. Je suis quelqu’un qui a besoin d’être stimulée intellectuellement, de toujours creuser et me poser des questions, donc c’est parfait !
- Tu co-animes également des cercles de femmes autour des saisons, le Wich club, peux-tu nous en dire plus ?
Avec mon amie Caroline Cressot nous avons eu l’idée un peu folle de créer un Club de Sorcière. On s’amusait des attributs ésotériques de la sorcière (les cartes, la magie, etc.) et en même temps cela est très concret pour nous, pas du tout ésotérique dans notre quotidien. Le Witch Club est un covent où l’on célèbre le féminin sauvage, la nature et la cyclicité de la vie. On s’appuie sur la roue des saisons celtique, on renoue ainsi avec nos racines. C’est aussi l’occasion de célébrer nos grands-mères sorcières, de les honorer et de s’inscrire dans une lignée. Nous sommes les petites filles des sorcières que le patriarcat a mit au bucher. L’idée est de s’appuyer sur le collectif, ensemble nous formons des racines profondes comme les arbres dans une foret. Ce tissage racinaire est le socle pour le déploiement individuel de chacune. On y pratique la Médecine de la Parole au travers le cercle de femme et des rituels propre à chaque saison. La Magie est au cœur du processus pour sacraliser son quotidien, se relier au grand Tout, se mettre en chemin vers soi-même. Finalement, notre pouvoir magique c’est notre capacité à se transformer soi-même.
-Tu parles souvent de Magie, c’est ainsi que tu conçois tes malas-talismans ?
Oui ! Pour moi la magie est notre capacité de transformation sur notre chemin de vie. Le mala est un chapelet composé de 108 perles que les hindouistes et bouddhistes utilisent dans la récitation de mantras. J’avais envie de créer un objet sacré qui s’inscrive dans cette tradition tout en étant un joli bijou à porter au quotidien. Ainsi le mala est un compagnon de vie magique qui agit par l’intention que l’on porte au moment de la création, par l’action des pierres semi-précieuses et par la récitation du mantra, le pouvoir du verbe créateur. Chaque mala est unique car réalisé sur commande. J’ai nommé ma marque Malas & Talismans, révélateur de magie car c’est pour moi son rôle : un talisman qui révèle à son porteur sa propre magie.
-Tu viens également d’écrire ton premier livre, « Mon cahier féminin sacré », peux-tu nous le présenter ?
Avec mon livre j’ai eu envie de transmettre quelques choses de simple et d’accessible. Montrer que chaque femme abrite une femme sauvage tapit à l’intérieure d’elle et qui attend d’être révélée.
J’ai aussi eu envie de transmettre mon amour de la nature, la manière avec laquelle on peut renouer avec sa cyclicité, d’un point de vue lunaire bien sur pour la femme avec son cycle menstruel mais aussi avec le rythme solaire et saisonnier. Je vis ainsi depuis plusieurs années maintenant et j’observe vraiment des différences avec avant, je suis plus calme, plus en lien avec moi-même, plus à l’écoute de mes besoins.
Finalement ce que j’ai eu envie de dire avec ce livre c’est « je suis dans le Tout et le Tout est en moi ».
-Un peu comme beaucoup de femmes d’aujourd’hui, tu es une sorte de couteau suisse ! Tu es professeure de yoga, autrice, créatrice de malas, facilitatrice de cercle et maman de deux jeunes enfants... Comment fais-tu pour concilier toutes ces casquettes ?
Je jongle avec les emplois du temps ! Ce n’est pas simple mais l’on s’organise avec mon mari pour être présents auprès des filles tout en travaillant et ayant du temps pour nous. Les grands-parents sont aussi très présents. Mes proches furent un relais important notamment dans la dernière ligne droite d’écriture du livre.
J’ai mis du temps à trouver le rythme et finalement la clé pour moi a été d’être 100% présente dans ce que je fais : quand je boss, je suis à fond ; quand je suis avec les filles, je ne fais que m’occuper d’elles et de la maison. Si je m’éparpille, je finis épuisée, énervée et je n'ai pas avancé, j’évite cela !
Là encore, le yoga est un compagnon essentiel. Tout ce que j’ai appris sur le tapis me sert au quotidien. Le spirituel dans la matière, « le quotidien comme exercice, l’exercice au quotidien » comme le disait si justement Graaf Durkheim.
Mes enfants me portent. En tant que femme et mère de deux filles, j’ai envie de leur montrer qu’une femme peut tout faire et surtout faire ce qui lui permet de s’épanouir. Pour moi le meilleur moyen de leur transmettre cela c’est de l’incarner. Donc merci à elles de me donner des ailes.
-Tu as également un engagement écologique. Nous savons que nul n’est parfait et que nous sommes malgré nous, enfermés dans un système qui ne peut nous permettre d’être irréprochable...Mais quelle est ta « part du colibri » à toi ?
Avant d’être prof de yoga, j’étais chargée de campagne sur la consommation responsable et la réduction des déchets et c’est encore là mon fer de lance écologique : mode éthique made in France ou Europe, consommation locale pour les aliments, compost dans le jardin, réduction du plastique (savon et shampoing solide, culotte menstruelle, coton lavable, etc.). C’est très créatif pour moi car je cherche toujours à consommer local & étiques pour la terre et l’homme.
Mon prochain défi est d’avoir mon jardin en permaculture. Cela va avec mon envie d’une vie plus simple et proche de la terre.
Je suis loin d’être exemplaire, j’essaye d’œuvrer là où c’est juste pour moi.
-Quelles sont les personnes qui t’inspirent et dont tu admires la présence au monde ?
Satish Kumar et Starhawk sont je crois les deux grandes figures contemporaines qui m’inspirent beaucoup.
-Quelle est la qualité que tu cultives le plus ?
La joie ! C’est un moteur extraordinaire. J’aime que la joie soit diffuse et rayonnante, elle contamine autour de soi.
-Si le ragnarok ou l’apocalypse était annoncé pour la semaine prochaine, que ferais-tu de tes 7 derniers jours ?
Déjà, je n’aimerais pas le savoir. Je suis quelqu’un d’angoissée de nature, je ne suis pas sur que je saurais savourer ces 7 jours …
Néanmoins, j’aimerais que ces 7 jours soient simples : me lever avec le soleil pour profiter de cet astre extraordinaire, passer des moments doux et savoureux avec ma famille, donner de la joie à mes enfants, passer du temps dans la nature, cuisiner de bonne choses. Les choses simples sont les plus savoureuses.
-Si tu pouvais mettre une chanson au générique de ta vie aujourd'hui, quelle serait-elle ?
Abrete corazon, un icaro chamanique d’Amérique du sud, qui parle de l’ouverture du cœur. C’est aujourd’hui cela que je nourris le plus.
-Peux-tu partager avec nos lecteurs tes petits coups de cœur du moment ?
Ma révélation du moment, les huiles et baumes de Plantes et potions.
Mon QG gourmand à Paris, le Judy.
Mon repaire beauté à Paris, l’Herbe à savon.
Mon livre de chevet du moment : la femme tambour de Layne Redmond
- Pour finir, as-tu une "phrase feelgood" ?
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. » de René char.
Quand je doute de moi et de mes capacités, cette phrase m’aide à retrouver ma hauteur et à avancer selon la voix de mon cœur.
-Merci Maeva pour ton temps et ta belle présence.
Merci à Slowway magazine de m’offrir l’occasion de me poser avec moi-même !
Les informations et liens concernant Maëva :
Son site : www.maevayoga.com
Son Instagram ici.
Ses prochains évènements :
-Le 5 mars 2020 : Sortie de son livre "Mon Cahier Féminin Sacré". Pour le commander, c'est ici !
-A partir du 21 mars 2020 : Cycle d’ateliers 13 Mères Originelles & Yin Yoga (1 atelier/mois à la nouvelle lune) au Yellow Paris (75006).
-Le 22 mars : Célébration d’Ostara / Equinox de Printemps avec The Witch Club.
-Le 25 avril 2020 : Yoga et Féminin sacré chez Bliss home.
Par Jessy Cottineau, Rédactrice en chef.
Crédits photos @Cottineau Jessy, tous droits réservés.